Timor-Oriental: le président dans le coma après un coup d'Etat manqué
DILI, Timor-Oriental - Le président du Timor-Oriental José Ramos-Horta a été hospitalisé lundi en Australie dans un coma provoqué et dans un état critique, après avoir été grièvement blessé par balles lors d'une tentative de coup d'Etat d'anciens militaires qui a également visé son Premier ministre. Un haut responsable rebelle a été tué lors de l'une de ces attaques.
Touché à l'estomac, Ramos-Horta, 58 ans et prix Nobel de la Paix 1996, a été évacué vers Darwin, dans le nord de l'Australie. Selon Ian Badham, de CareFlight International, la compagnie aérienne médicalisée qui l'a transporté depuis le Timor-Oriental, il se trouvait dans un état critique et a été placé sous respiration artificielle après avoir été plongé dans "un coma provoqué".
Le porte-parole de l'armée, le commandant Domingos da Camara, a annoncé que le chef rebelle Alfredo Reinado et l'un de ses hommes avaient été tués dans l'attaque contre le domicile du président Ramos-Horta. Un des gardes présidentiels a également trouvé la mort. Selon le porte-parole, deux voitures transportant des rebelles sont passées devant la maison de Ramos-Horta à environ 7h heure locale lundi, dans la banlieue de Dili, ouvrant le feu sur le domicile du président.
Le Premier ministre Xanana Gusmao a, lui, échappé à une tentative d'assassinat alors qu'il se trouvait en voiture. "Je considère ces faits comme une tentative de coup d'Etat manquée menée par Reinado", a-t-il déclaré à la presse. "Les tentatives d'assassiner aujourd'hui le Premier ministre et le président ont échoué, et seul le président a été blessé".
A la tombée de la nuit, le gouvernement a instauré un couvre-feu dans la capitale Dili jusqu'à l'aube. Les Nations unies ont indiqué que des barrages avaient été installés sur les routes menant à la ville.
A Canberra, le gouvernement australien a annoncé l'envoi de troupes et de policiers supplémentaires à la demande du Timor-Oriental. L'Australie commande actuellement la force multinationale de sécurité dans ce pays et le contingent australien comptera un millier d'hommes après ce renfort.
"Il y a eu une tentative coordonnée d'assassiner la direction démocratiquement élue d'un Etat-ami proche et d'un voisin de l'Australie toujours en proie à de profondes difficultés dans son développement", a souligné le Premier ministre australien Kevin Rudd au cours d'une conférence de presse à Canberra.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a condamné lundi "cette attaque brutale" contre le président Ramos-Horta et "la jeune démocratie" du Timor-Oriental. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dénoncé une "attaque brutale et innommable", alors que le département d'Etat américain l'a jugée "répréhensible".
Cette tentative de putsch contre le pouvoir de José Ramos-Horta, devenu en mai 2007 le deuxième président du Timor-Oriental indépendant, replonge ce jeune pays d'un million d'habitants dans la tourmente après les affrontements de 2006, qui avaient fait 37 morts, plus de 150.000 déplacés, et entraîné la chute du gouvernement de l'époque.
En s'en prenant à Ramos-Horta, les rebelles ont pris pour cible la voix de l'indépendance du Timor-Oriental pendant 24 ans. Ramos-Horta était devenu le premier ministre des Affaires étrangères de cette ancienne colonie portugaise qui a obtenu son indépendance de l'Indonésie à l'issue d'un référendum en 2002, avant d'être Premier ministre en 2006 et président depuis mai dernier.
Proche de l'Eglise, il avait promis d'augmenter les dépenses de l'Etat vers les écoles religieuses et de venir à bout des divisions entre les forces de sécurité du pays.